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En Espagne

9 Juin 2018, 17:14pm

Publié par Lino Pereira

En Espagne

29/05, je suis arrivé en Espagne. Après avoir marché le leong de la côte basque en France, de Biarritz à saint Jean de Luz, j’ai pris la petite navette qui fait traverser le fleuve qui vient se jeter dans la mer entre les deux pays. 

J’ai un nouveau guide qui n’est franchement pas terrible, c’est celui qui m’a semblé le mieux sur les trois que j’ai trouvé à Bayonne, mais à la pratique je me rends compte qu’il est plein d’indications inutiles, que les cartes sont inutilisables et que les hébergements qu’il préconise sont chers.

Il me donnait une seule adresse d’auberge pour pèlerins, les autres étaient des chambres de pension un peu trop chères pour mon budget. Je peux en prendre deux par semaine et pas plus. Quand j’ai vu sur mon plan que cela m’éloignait du chemin du littoral de plus de trois kilomètres, j’ai failli ne pas y aller, mais comme c’était ma seule adresse correcte, j’y suis allé quand même. Après une demi heure de marche sur une route avec un bas côté confortable mais sans trottoirs, je n’avais qu’une envie : faire demi tour, et je m’inquiétais de la distance supplémentaire que je devrais faire le lendemain pour rejoindre le chemin du littoral. Je repérai un bus qui pourrait me ramener à mon point de départ le lendemain pour me rassurer, ainsi l’étape ne serait pas trop rallongée. 

Arrivé près du gîte j’ai rencontré trois espagnols, des pèlerins qui passaient par là, qui  allaient au même endroit et visiblement ils savaient où ils allaient. 

 

C’est un appartement au premier étage avec cinq chambres d’environ dix mètres carrés, une cuisine, deux salles de bains, et un petit salon où l’hospitalière a installé son bureau pour recevoir ses pèlerins, tamponner la crédentiale et recevoir l’obole qu’on met à discrétion dans une tire lire qui se trouve sur un coin du bureau. 

Une fois les formalités assumées, son collègue prend une taie d’oreiller et un drap jetables et vous accompagne à votre lit. Il y en a quatre par chambre. Il reste un peu de place pour poser le sac contre le mur et il doit rester bien rangé et ne pas déborder et laisser la place à celui du voisin. J’étais l’un des quatre premiers mais ils arrivèrent bientôt par groupes et la queue s’allongeait devant le petit salon pour faire les formalités d’usage.

En Espagne

J’avais l’habitude d’avoir une chambre seul une fois sur trois auparavant, là, les ronfleurs s’entassent à quatre pour dix mètres carrés. Ce n’est pas tant les ronfleurs qui me gênent parce que je ne laisserai ma place à personne de ce point de vue et si je me trouve un peu petit marcheur, je sais qu’en tant que ronfleur je pourrai être primé dans des concours. 

Mais à tant de personnes en si peu d’espace l’air est vite saturé d’oxyde de carbone. Les fenêtres fermées ne permettent pas la circulation de l’air et si on a bien respiré toute la journée, on en perd le bénéfice à peu de frais. 

On a beau aimer la chaleur humaine, la promiscuité avec autant de monde est un peu étouffante. Bref, je n’ai pas très bien dormi.

Un groupe de français très bruyants qui tiennent à montrer qu’ils sont ensembles qu’ils en sont heureux et que l’union fait la force, occupent une chambre à eux tout seuls et que rien ne vienne perturber le petit groupe qui reste groupé quoi qu’il advienne, qui parle fort et qui impose ses blagues privées à tout le monde. 

Ils n’avaient rien trouvé de mieux que de mettre leur réveil à sonner pour cinq heures et demie du matin. En général tout le monde se lève autour de six heures, il n’y a pas besoin de réveil, mais eux, très fiers il fallait qu’ils fassent sonner le clairon et puis ça parle fort, ça claque les portes, bref, branle-bas de combat pour tout le gîte.

 

En Espagne

À la sortie du dortoir j’étais un peu sonné, alors que regardais autour de moi essayant de repérer mon chemin, c’est encore mon groupe d’espagnols qui, sortant en même temps que moi et me voyant regarder mon guide me disent : « Aí qué zéguir la flètxà ». Ben oui, suis-je bête, en Espagne il n’y a qu’à suivre la flèche, pas besoin de guide, il faut suivre les flèches jaunes. Tous ensembles, tous ensembles. 

 

Je n’en avais pas encore vues. J’en avais une sous les yeux mais je n’y avais pas prêté attention. Aí que zéguir la flètxà. Le groupe des trois espagnols partit devant et je les suivis jusqu’à un feu où il fallait traverser la route. Cela me faisait changer de direction, mon bus se trouvait tout droit alors que les flèches me conduisaient à gauche. Il était évident que je n’irai pas par le chemin du littoral en suivant les flèches,  mais la peur de me perdre et de ne pas arriver à bon port me perturbait. Le chemin est difficile à partir d’ici, l’étape est longue et il n’y a, à priori, pas de lieux où s’arrêter si on n’arrive pas au bout de l’étape. Il est essentiel d’arriver au bout. Je me suis donc joint au groupe et me suis laissé guider par les flèches.

C’est assez confortable mais on a l’impression d’avoir des œillères sur la tête. N’ayant pas de cartes détaillées, je n’ai pas la possibilité de me faire un trajet autonome ni de comprendre les itinéraires possibles pour éviter la boue, comme il m’est arrivé de faire en France. C’est la plus grande constante de mon chemin : la boue. Elle se ressemble dans toutes les forêts. La terre est plus ou moins argileuse, le sol est un peu plus tassé en Espagne et il a la propriété d’amoindrir la couche glissante de la boue. Du moins il me semble que le pied s’enfonce moins profondément mais je finis toujours par en avoir jusque dans les chaussures. Sur ces portions glissantes, les bâtons  ont la plus grande utilité : ils permettent de tester la dureté du terrain, de trouver le meilleur endroit pour poser le pied et vous retiennent en cas de glissade. On est bien plus stable à quatre pattes.

 

En Espagne
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